lundi 16 mars 2009

1ère Séquence 1. La poésie

Séquence 1. Le sonnet, forme fixe, matrice poétique


Objet d'étude: Le sonnet de Pétrarque à Roubaud

Objectif: « une forme poétique fixe à travers l'histoire littéraire: contraintes et variations »

Problématique : Une forme fixe très contraignante est-elle une aide pour le poète ou au contraire une entrave à sa créativité ?

Parce que la forme est contraignante,
l'idée jaillit plus intense

Baudelaire


Révision de la méthode: lecture de corpus. Exemple de commentaire composé sur un poème.

  1. Louise Labé: « Je vis, je meurs: je me brûle et me noie »

    Texte en lecture analytique: Louise Labé: « Je vis, je meurs: je me brûle et me nois » p38

Textes complémentaire: anthologie de sonnets

Synthèses, méthode:

  • Les principaux mouvements littéraires (polycopiés)

  • Synthèses sur la poésie p461 et le sonnet à la Renaissance p33-41

Pétrarque p35 + révisions des notions de prosodie 461.


  1. Préliminaire: étudier un texte de poésie (notion de prosodie LG p39 appliqué au poème)

    • rimes riches/pauvres, masc/féminines

    • assonance (en "en") et allitérations (en -t, et -m)

    • strophe. Rimes croisées/embrassées

    • métrique: octosyllabe/décasyllabe/alexandrin

    • synérèse (grief) ou diérèse (vi-e)



2) histoire littéraire: l'humanisme (voir polycopié)

3) histoire littéraire: le sonnet (ES: livre p41)

Né sans doute au XIIIe siècle en Sicile, où il est un poème populaire destiné à être chanté. Le sonnet est illustré au XIVème siècle par Pétrarque dans son Canzoniere .Traduit en français au XVIème siècle, cette poésie est à la mode. Le sonnet se compose de 2 quatrains et 1 sizain (ou 2 tercets reliés par la rime).La disposition des rimes qui finit par s'imposer sera la suivante : abba-abba-ccd-ede ou ccd-eed.

Exemple: le sonnet 48 du Canzoniere de Pétrarque (livre ES p35)

Se mai foco per foco non si spense,
né fiume fu già mai secco per pioggia,
ma sempre l'un per l'altro simil poggia,
et spesso l'un contrario l'altro accense,

Amor, tu che' pensier' nostri dispense,
al qual un'alma in duo corpi s'appoggia,
perché fai in lei con disusata foggia
men per molto voler le voglie intense?

Forse sí come 'l Nil d'alto caggendo
col gran suono i vicin' d'intorno assorda,
e 'l sole abbaglia chi ben fiso 'l guarda,

cosí 'l desio che seco non s'accorda,
ne lo sfrenato obiecto vien perdendo,
et per troppo spronar la fuga è tarda

Puisque feu par le feu jamais ne s'éteignit,
ni ne fut jmais fleuve asséché par la pluie,
mais qu'est toujours accru un corps par son semblable,
et par son opposé fut souvent enflammé.

Amour toi qui dispenses nos pensées
et fais qu'une même ame en deux corps prend demeure
pourquoi rends tu en elle, contre ton habitude,
les envies moins profondes par exces de vouloir?

Comme le nil, peut être, qui de si haut tombant
assourdit de fracas ceux qui sonbt alentour,
ou le soleil ébouissant ceux qui le fixent.


Ainsi désir qui avec soi ne s'harmonise,
dans l'objet trop aimé perd-il sa force
et l'exces d'éperon rend il la course lente

Pétrarque



1) Louise Labé, Sonnet "Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie"







1 Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

5 Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
10 Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.







Louise Labé, Sonnet 8 in Oeuvres (1555) (orthographe modernisée)



--> Quelle conception de l'amour? (ici: amour déçu, distance, idéalisation) Quel registre? (lyrisme: def = " Le registre lyrique est celui de l’expression des sentiments, états d’âme, émotions les plus intimes (nostalgie, regret, tristesse, joie). Le mot vient de ce qu’à l’origine il était le domaine d’une poésie faite pour être chantée avec accompagnement à la lyre, mais le lyrique ne se limite pas à la poésie. " Voir bonne synthèse LL p423-438 sur http://www.ac-grenoble.fr/webcurie/pedagogie/lettres/francais/methode/registres.htm )Quelle forme? ABBA ABBA CDD DCD

Bilan: héritage du pétrarquisme:

  • amour platonique

  • rhétorique amoureuse. Comparaisons avec les éléments. Allégorie de l'amour

  • registre lyrique (feuille sur les registres distribuée)

  • forme du sonnet



  1. Commentaire du texte:

Questions préliminaires:

  • Premier quatrain: Quelles antithèses contient le premier vers? Montrer que la chaîne d'oppositions qui suit développe et précise le tourment de la narratrice. Quel effet est produit par le premier mot, qui d'ailleurs sera souvent repris dans cette strophe et dans les suivantes. Remarquer la césure au premier vers. Quel en est l'effet? Commenter les sonorités qui expriment la douleur et la souffrance.

  • Deuxième quatrain: Observer les antithèses, ainsi que les sonorités de la première strophe qui se poursuivent ici. Commenter la métaphore sous-entendue au vers 8.

  • Premier tercet: Quel nom est donné au sentiment qui tourmente la poétesse? Pensez-vous qu'il s'agisse d'une personne déterminée ou bien de n'importe quel amant en général?

  • Deuxième tercet: Quel est l'effet du dernier vers? Par quel mot nous ramène-t-il au premier vers du poème?

  • Peut-on dire que ce sonnet est féministe? Noter le genre des substantifs: "vie," "douleur," "peine," "bien," "Amour," "joie."

  • Le pronom "je" apparaît treize fois, en plus des pronoms et adjectifs possessifs de la première personne (me, mon, ma). C'est donc bien une lamentation, mais centrée sur elle-même. La femme souffre d'un tourment qui ne peut venir que d'un homme (ou peut-être de plusieurs?)

Faites le plan du sonner, voyez comment il construit ce discours sur l'amour. Tout le sonnet est construit autour du caractère contradictoire du sentiment amoureux qui frappe ainsi par sa puissance (il envahit toute la vie, tous les éléments...).
C'est le coeur de la problématique de lecture proposé par ce texte.


Introduction:

Fille d'un riche cordier, Louise Labé bénéficie d'une éducation moderne inspirée des idées italiennes. Elle sait le latin, l'italien, l'espagnol, la musique ; excellente cavalière, elle s'est initiée aux métiers des armes et participe à des tournois. Elle crée l'un des premiers salons littéraires, fréquenté par Maurice Scève et Pelletier du Mans. En 1555, elle publie ses oeuvres (un Débat de Folie et d'Amour en prose, trois élégies et vingt-quatre sonnets, le tout précédé d'une épitre dédicatoire aux revendications féministes.). Elle est l'une des premières à revendiquer le droit des femmes à la création littéraire.

Dans la lignée de Marie de France, de Christine de Pisan, avec Marguerite de Navarre et Pernette Du Guillet, Louise Labé donne le point de vue féminin sur l'amour. L'âme amoureuse oscille de l'enchantement d'un amour parfait à l'impossibilité de son existence. Elle s'inspire des thèmes pétrarquistes et platoniciens, mais en les détournant et en s'en éloignant peu à peu, ce mouvement constituant l'épine dorsale du recueil de sonnets.

PB = Ce sonnet exprime les sensations d'un amour extrême et puissant. Par quels moyens est exprimé le désordre mental et émotionnel de cette passion? Dans l'ensemble du sonnet rechercher les effets de vocabulaire et de sonorités qui expriment ces sensations. Montrer que la forme du poème rend bien la progression des sentiments et de la& passion charnelle.


    I) Un sonnet sur le mode de l'énigme

    A. Deux quatrains : évocation d'un état physique et psychologique paradoxal.

  • Omniprésence des verbes, notamm à la rime: concret. Peu d'indication sur ce dont il s'agit (seulement 2 substantifs vagues: "la vie", "mon bien")

  • Effet d'accumulation: les verbes se contredisent entre eux (antithèses) et entre vers (effet d'accumulation ==> de quoi parle-t-on?)


    B. Deux tercets : résolution de l'énigme. Abstrait.

  • Résolution du sonnet à la charnière. Rôle de la charnière. Ici explication par la psychologie amoureuse. Rapport d'analogie "Ainsi" à l'attaque du vers

  • Ici + de substantifs à la rime, + abstrait.

  • Pas d'avocation de l'amant

    II) Les antithèses de l'amour

    A. Un rapport de force entre les éléments Quatrain antihèses

      • antithèses dans les quatrains ("tout à coup" x 2. Amplification: 2 au v1 (avec césure après "je meurs"), puis 1 par vers de quatrain, puis 1 par tercet.

      • Les éléments

      • oppositions dans les rimes: "-oie" = liquidité (verdoie ><>< "-dure" minéralité


    B. Puissance du sentiment: les hyperboles:

      • "extrème" v2, "trop", trop" (accentué par allitérations en [t]), "maint"v6, "jamais"v7 "grands"v4

      • exagérations des images "je me brûle" pour un sentiment psycho

      • parallélismes: "...et...et"; "tout à un coup" v5 // "tout en un coup" v6

    C. L'Amour, seul maître.

      • Situation du vers "L'amour" en charnière

      • allitération en "m", assonnances en "in" et "an": pause, répit de douceur dans un poème marqué par des sons durs

      • Autour: son cercle vicieux de souffrance. On tourne en rond ici pas = rimes embrassées

        III) Le lyrisme amoureux

        A. Les pronoms personnels

      • Je vis ; je meurs” est non seulement le titre du poème mais aussi à l'attaque du vers un. On y remarque la présence de la première personne du singulier qui continuera tout le long du poème

      • "je" x 13 + pronoms et adj poss
        B. Le modèle pétrarquiste

      • évocation du je, lyrisme, douleur d'aimer

      • Personnage de l'Amour. A l'opposé, absence de l'amant

      • Métaphore des éléments (eau/ feu / plantes


        C. Mais en + franc

      • Peu de comparaisons élaborées. Cf les 2 quatrains: pas de syntaxe élaborées (prop sub) ms une juxtaposition de propositions indep courtes. La métaphore hyperbolique ("je me noie") est préférée à la comparaison ("c'est comme une noyade")

      • Pas de voc abstrait. On entremêle physique / psychologique: chaud, froidure, brûle, noie, sèche, verdoie / plaisir, bien, douleur, joie, peine. Lexique à connotation érotique: "brûle", "chaud", "molle", "dure", "entremêlé", "verdoie"

      • Utilisation du présent ==> descr d'une souffrance présente. Pas de nostalgie. De plus la première personne du singulier est utilisée avec le présent de l'indicatif qui a ici une valeur de généralisation : la durée d'action des deux verbes est donc indéfinie, voir infinie.

      • ==> amour = état du sentiment présent + qu'allégorie.

        Conclusion: Louise Labé exprime sa passion par les contradictions qu'elle produit. L'emploi d'un vocabulaire sensuel , l'utilisation omniprésente du "je" et les images hyperboliques ouvrent à un nouveau lyrisme éloigné de Pétrarque: plaintif, centré sur lui-même.







2) Saint-Amant, Sonnet "Le Fumeur", 1629















Assis sur un fagot, une pipe à la main,
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux fixés vers terre, et l’âme mutinée,
Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.

v.5 L’espoir, qui me remet du jour au lendemain,
Essaie à gagner du temps sur ma peine obstinée,
Et me venant promettre une autre destinée
Me fait monter plus haut qu’un empereur romain.

Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,
v.10 Qu’en mon premier état il me convient descendre,
Et passer mes ennuis à redire souvent:

Non, je ne trouve point beaucoup de différence
De prendre du tabac à vivre d’espérance,
Car l’un n’est que fumée, et l’autre n’est que vent.





Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT (1594-1661)

2. Le sonnet à l'âge baroque

Textes complémentaire:

Synthèses, méthodes:

  • Histoire littéraire (baroque et classicisme)

  • Définition formelle du genre :

  • les différentes répartitions des vers et des rimes

  • la chute

  1. Stylistique: la chute dans le sonnet (Llp167, LLp169)

La chute: Banville (voir polycopié): « Le dernier vers du Sonnet doit contenir un trait - exquis, ou surprenant, ou excitant l'admiration par sa justesse et par sa force.
Lamartine disait qu'il doit suffire de lire le dernier vers d'un Sonnet ; car, ajoutait-il, un Sonnet n'existe pas si la pensée n'en est pas violemment et ingénieusement résumée dans le dernier vers.
Le poète des Harmonies partait d'une prémisse très juste, mais il en tirait une conclusion absolument fausse.

OUI, le dernier vers du Sonnet doit contenir la pensée du Sonnet tout entière. - NON, il n'est pas vrai qu'à cause de cela il soit superflu de lire les treize premiers vers du Sonnet »


Applications à 3 sonnets. Pour Ronsard et Du Bellay, revoir l'humanisme (Llp51 + polycopié) et la Pleïade (LL p491):

  • Dernier trait d'un tableau: « cependant que Magny... »: souligner les termes du lexique qui se rapportent à 1) exil à Rome 2) destin commun 3) malheur

  • Une conclusion démonstrative: Ronsard « Je vous envoie un bouquet que ma main... »: souligner les termes du lexique qui se rapportent à 1) articulations logiques 2) amour 3) jeunesse, beauté 4) rapidité du temps 5) destin inéluctable

  • Une surprise préparée: Rimbaud, le dormeur du val : souligner les termes du lexique qui se rapportent à 1) gaieté, tranquimlité 2) couleurs 3) corps 4) mort


  1. Stylistique: la répartition des rimes dans le sonnet

  • Les quatrains: 2 rimes A et B. Disposition ABBA la + courante, on peut aussi trouver ABAB ou AABB

  • Les tercets: 2 ou 3 rimes C, D, (E):

      • rime italienne: CCD DCD: on évite les rimes plates. Ainsi Pétrarque: CDD DCD

      • rime française: CCD EDE ou CDC DEE. Grande diversification au XIXe

  • Alternance rimes masculines / féminines du XVI au XIX


  1. Histoire littéraire: Baroque & classicisme: LL p73 et 110 (à comparer avec les p57 et 72)

A l'harmonieux équilibre de la Renaissance succède, dès la seconde moitié du XVIe siècle, le sentiment de l'instabilité du monde. Le baroque naît en Italie de ce vacillement de la Renaissance et se propage peu à peu à tous les pays européens. Il concerne tous les arts, l'architecture en premier lieu, mais aussi la peinture, la sculpture, la musique et la littérature. Le terme baroque provient de la joaillerie où barroco désigne en portugais une perle irrégulière, mais il ne sera utilisé qu'à partir de la fin du XVIIIe siècle dans le domaine artistique pour désigner des œuvres fondées sur l'imagination, la somptuosité et le mouvement. Les limites chronologiques du mouvement, assez floues, vont, pour -certains, du maniérisme italien de la Renaissance au rococo de l'époque des Lumières. Le classicisme, lui, est un phénomène culturel français des années 1660 qui se diffuse difficilement en Europe

Baroque

Classicisme

XVI-XVII

XVII (1660 et ss)

Surtout en Europe

Surtout en France

Pictural

glissement, mouvement, masses, couleurs, dynamisme

Linéaire

dessin, contours, limites, fixité

Profondeurs

débordement, évasions, flux,

espace tourbillonnant, méandres, spirales

Plan

géométrie, ligne droite, verticalité

horizontalité, perspective

Ouverture

fragmentation ou décomposition,

perdre le lecteur ou le spectateur, faire appel à son imagination, jeu des possibles

Fermeture

construction autour d'un centre,

primat du sujet, unité, subordination des sujets secondaires

Multiplicité

mélange, interpénétration, nuances

Mélange des genres (tragicomédies de Corneille)

Unité

loi commune, liens, harmonie,

hiérarchie, forts contrastes

Distinction des genres avec lois précises (tragédie/comédie; 3 unités)

Obscurité

illusion (bulles, fumées), symbole, approximation,

inconscient, mystère

Clarté

discipline, règle, transparence,

lumière

Monde stable

Instabilité, inconstance, fuite, irrationnel

Monde stable

raison, classification des êtres (Buffon), des sentiments (Descartes), des caractères (La Bruyère). Respect des hiérarchies (sujets nobles/bas)


Application:

  • Textes de l'anthologie lus: Malherbe / Marbeuf. 1ères distinctions

  • Image baroque (« Le rêve du chevalier » ) LLp57 opposée à l'ordonnancement classique de « Louis XIV visitant l'académie des Sciences LLp109, puis comparée mise en rapport avec les songes du « Fumeur » de Saint Amant.


  1. Etude de texte

Exercice de prise de note: Sélectionner les informations pertinentes dans cette biogrpahie (Wikipedia)

Marc-Antoine Girard, sieur de Saint-Amant, né au Grand-Quevilly le 30 septembre 1594 et mort à Paris le 29 décembre 1661, est un poète libertin français.

Sa vie

Fils d’un officier de marine, issu d’une famille de marchands protestants, Saint Amant, qui commanda pendant vingt-deux ans une escadre anglaise, n’apprit pas les langues anciennes mais, par une curiosité naturelle, il forma son intelligence dans la société de quelques hommes instruits et apprit l’espagnol, l’italien et l’anglais.

Grand voyageur, il visita plusieurs pays d’Europe, l’Amérique du Nord, le Sénégal, les Indes, parlait plusieurs langues vivantes, s’intéressait à la musique, à la peinture, aux sciences, fréquentant aussi bien les jansénistes que les libertins, le salon de l’hôtel de Rambouillet, où il s’efforçait, sous le nom de Sapurnius, de mériter ses entrées par d’ingénieuses délicatesses, que de l’hôtel de Liancourt.

Durant sa jeunesse et son âge mûr, il hanta les cabarets avec de joyeux compagnons tels que, Faret, Colletet, Vion d'Alibray, etc. et c’est dans le bruit, la bonne chère et le vin où il cherchait la plus joyeuse inspiration qu’il écrivait ses pièces bachiques, comme les Cabarets, la Chambre du débauché, la Crevaille, le Fromage, la Vigne, les Goinfres, d’une verve si joyeuse et d’un style si haut en couleur.

Il fut lié avec le duc de Retz, le maréchal de Créqui et le comte d’Harcourt, qu’il accompagna dans ses expéditions et ses ambassades. C’est près de ce dernier qu’il se lia d’une amitié restée fameuse avec Faret, secrétaire des commandements du comte.

Nommé gentilhomme ordinaire de sa maison par la reine de Pologne, Marie-Louise de Gonzague, il alla résider deux ans à Varsovie. Il passa ses dernières années dans un calme modeste et même, si l’on en croit Boileau (Satire I), dans une grande gêne et mourut dans la misère.

Son œuvre [modifier]

Saint-Amant passait, auprès des connaisseurs, pour la première muse de son temps. Toujours emporté par sa fougue et son caprice, cet écrivain très original, fantasque et capricieux a touché en maître toutes les cordes de la lyre poétique. Saint-Amant avait au plus haut degré le sentiment de la poésie, pas seulement dans les satires mais par des odes, des sonnets, voire même par son Moïse sauvé (1653, in-4°), longue idylle héroïque, citée à tort comme une épopée, et que Boileau a si vivement attaquée dans son Art poétique. Le combat de Moïse et de l’Égyptien, le bain de la princesse Rermuth, la comparaison de la couleuvre et de l’oiseau, etc., sont des morceaux remarquables. Après l’avoir durement critiqué dans les Satires, Boileau finit par lui rendre plus de justice dans les Réflexions de Longin.

Outre le Moïse et les Œuvres poétiques (Paris ; 1629-1643-1649, 3 parties in-4°), Saint-Amant a publié : Rome ridicule, petit poème burlesque (1643, in-4°) ; Stances sur la grossesse de la reine de Pologne (1650, in-4°) ; Stances à M. Corneille sur son Imitation de Jésus-Christ (1656, in-4°) ; la Génération (1658, in-4°).

Refusant de se plier aux règles édictées par Malherbe, il sombra dans l’oubli, après 1650, avec le triomphe du goût classique, avant d’être redécouvert au XIXe siècle, ce poète original est, depuis, considéré comme l’un des esprits les plus modernes de son siècle. Il inaugura le style qualifié de « burlesque ». Le succès obtenu par son ode sur la Solitude rédigée en 1619 fut tel qu’elle fut imitée, imprimée et traduite. Le reste de son œuvre se démarque clairement de la tradition académique. Le vocabulaire, le rythme et les images de ses poésies baroques comme les Saisons et les Visions, burlesques comme le Passage de Gibraltar et la Rome comique, ou épiques comme le Moïse sauvé brillent d’un éclat baroque.

Élu, dès sa création en 1634, élu membre de l’Académie française et, bien que celle-ci ne fût fondée sous l’impulsion de Richelieu qu’un an plus tard, il travailla à la partie « comique » du dictionnaire.

L’édition complète de ses Œuvres donnée par Livet dans la Bibliothèque elzévirienne (Paris, 1855, 2 vol. in-16) a été réimprimée par Kraus Reprint (Nendeln, 1972).

Voici son poème le plus célèbre, "Le Paresseux", publié en 1631 dans ses Oeuvres:

                                        Le Paresseux                             Accablé de paresse et de mélancolie,                             Je rêve dans un lit où je suis fagoté,                             Comme un lapin sans os qui dort dans un pâté,                             Où comme un Don Quichotte en sa morne folie.                             Là, sans me soucier des guerres d'Italie,                             Du comte Palatin, ni de sa royauté,                             Je consacre un bel hymne à cette oisiveté                             Où mon âme en langueur est comme ensevelie.                             Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,                             Que je crois que le biens me viendront en dormant,                             Puisque je vois déjà s'en enfler ma bedaine,                             Et hais tant le travail, que, les yeux entrouverts,                             Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine                             Ai-je pu me résoudre à t'écrire ces vers.



Situer le passage
- 1ère moitié XVII° siècle: époque baroque (Corneille, Théophile de Viau, Honoré d’Urfé, Tristan l’Hermite) / classicisme.
- St Amant fréquente bcp les cercles de son époque (Jansénistes, libertins, Hotel de Rambouillet ==> tous courants ==> relativisme); mais aussi les cabarets, notamm celui de Belle-Ile, où il écrit ce sonnet.
- d'où amour du vin, du prosaïsme, des faits vécus. Ici méditation sur la précarité des reves
Axes de lecture

  1. L'alternance des états

    1. Plan du texte: le sonnet

Sonnet 4 4 3 3. Permet de changer d'état à chaque stropne

Disposition des rimes = ABBA ABBA CC DEED ==> 3 quatrains et un distique (disposition française un peu modifiée)

Ici effectivement, la charnière est une pause, qui nous ramène au début (structure circulaire)

    1. Le contraste désespoir / joie

- “Du jour au lendemain”/”premier état”: alternance espoir désespoir

1. Désespoir
- Attitude: “assis” v. 1, “accoudé” v. 2, “les yeux fixés” v. 3 à résignation, tristesse, immobilité
- Atmosphère: “cheminée” v. 2 : saison morte, froid; “pipe” v. 1 : ennui, désoeuvrement; “fagot” v. 1 (en guise de siège): pauvreté
- Attraction du bas: “descendre” v. 10, “vers terre” v. 3
- Hyperboles (“ame mutinée” v. 3, “cruautés de mon sort inhumain” v. 4) presques excessives
è mal de vivre, tristesse, désespoir

2. Euphorie, joie, espérance
- “Espoir” début 2nd quatrain, compléré par “promettre” v. 7
- Contraste comique, optimisme exagéré: “sort inhumain”/”Empereur Romain” à dérision du malheur
- “Empereur Romain” : puissance de l’imagination pr forger des chimères
è Tableau réaliste et description de bonheur impossible: dichotomie, alternance de l’humeur (“autre..premier”, “l’un…l’autre”)

    1. Le contraste prosaïque / soutenu: l'ironie:

Vers d'attaque: "Assis sur un fagot

  1. L'ennui et la rêverie

    1. Le thème lyrique de l'ennui

Lyrisme: je dans sa position corporelle (1), dans ses états d'âme (2) et dans sa voix (3). Mise en scène de soi-même. Introspection. "Il me convient redire"; "je ne trouve point beaucoup de différence"

Mélancolie: personne qui aime s'observer et se perd en soi-même.
- “ennuis” dans le sens de vide de l’existence, tourments. Notion baroque (voir polycopié)
Ennui pr Saint-Amant: Torture moral, incomfort lié à la prise de conscience de la vanité de l’existance



    1. La comparaison

    Chute: “fumée”/”vent” associé à “tabac”/”espérance”: L’espérance, notion abstraite, est ds réseau métaphorique que débute “pipe”
    - Comparaison à “Tabac” et “cendre”: valeurs clé du baroque: inconsistance, éphémère, illusion: v. 4, v. 7, v. 13
    - “fumée”+”vent”: fugacité du temps et des choses


    1. Une chute exemplaire

Mise en valeur de sa parole: le dernier tercet est un discours inséré dans ce poème lyrique avec verbe introducteur et marques de paroles.

Valeur aphoristique: hémistiche, parallélisme (entre la sy necdoque tabac/feu et la métaphore rêve/fumée) désormais établi désormais fortement) . Parole de philosophe, de penseur qui résoud ce poème qui tournait en rond.

Conclusion
- Pessimisme tempéré: présence de rêves et forme d’ironie
- Tonalité ambigüe : prise de conscience réaliste de l’existance. En même temps, sourire


3) Charles Baudelaire: Les Fleurs du mal, "Correspondances", 1857

















Correspondances



1 La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

5 Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
10 Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.





Les Fleurs du Mal, "Spleen et Idéal", poème IV



Séance 3. Charles Baudelaire: Les Fleurs du mal, "Correspondances"

Texte en lecture analytique: Charles Baudelaire: Les Fleurs du mal, "Correspondances", 1857

Textes complémentaire:LL p184 – 186 – (190) – 192 + anthologie de haïkus

Synthèses, méthodes: la question de corpus (LM p206-215); les formes fixes (LL p167)

  1. Méthodologie: la lecture de corpus

  2. Stylistique: les genres formels

  3. Lecture méthodique



    1. Méthodologie: la lecture de corpus

La question de corpus


Tout d'abord, elle doit très rarement excéder 2 pages et le jour de l'épreuve n'y passe qu'à peu près 1h15 (30 min pour la lecture du corpus et 45 min pour la rédaction de(s) la(les) question(s))

Fais dans une première partie une présentation intelligente du corpus : essaye de regrouper des informations, d'en donner et de présenter au final, très brièvement, chaque texte et chaque auteur (époque, mouvement littéraire auquel il appartient...) sans pour autant faire un catalogue, ceci doit faire environ 5 lignes (cette présentation a pour but de mettre en valeur la raison du regroupement de ces textes dans un même corpus).

  • Thème

  • Genre

  • Registre

  • Figures de style dominante

  • Contexte : hist, mvt litt & biographique


Dans cette même partie, pose le sujet (ex : si on parle d'apologue, donne la définition d'un apologue....). L'intro est faite

Ensuite, fais autant de paragraphes que tu as d’idées par questions : exprime y tes idées accompagnées (toujours !) de citations... (évite de mettre doc 1 / doc 2 pour la situer mais plutôt [nom de l'auteur] dit...). Une autre chose : ne fais pas une explication texte par texte mais plutôt globale... si on les a regroupé ce n'est pas pour de la cacahouète !

Et enfin, fais une brève conclusion qui découlera , normalement, du reste .

Exercice d’application :

Corpus (voir anthologie):

  • Luis de Gongor « Tandis que pour ternir l’éclat de tes cheveux »

  • Malherbe, Sonnet de Caliste

  • Scarron, « vous faites voir des os quand vous riez, Hélène »

  • Anonyme « De toutes les laideurs, Francine est la plus laide »

Question de corpus : qu’est-ce qui rapproche et oppose ces poèmes dans l’éloge de la femme ?



Au brouillon:

Texte

1

2

3

4

Thème:

Corps de la femme

Corps de la femme, amour

Dents, sourire

Corps de la femme

Genre:

Poésie - Sonnet

Poésie - Sonnet

Poésie - Sonnet

Poésie - Sonnet

Registre et forme de discours

Eloge galant

Eloge galant

Satire, burlesque, moquerie

Satire, burlesque, moquerie

Figures de styles principales

Métaphore, hyperbole

Métaphore, hyperbole

Hyperbole

Métaphore, hyperbole

Contexte

Espagnol, baroque

XVIIe Classicisme

XVII-XVIIIe classic.

XVII-XVIIIe classic.



Plan :

  1. Points communs: sonnets (souvent utilisé ds la lyrique amoureuse), adresse à une femme nommée

  2. Points communs: un éloge sous forme d'une description détaillée des parties du corps (blason?). Comparaison, hyperboles

Note: Méthodologie : le blason = éloge (ou inversement du vitupère, comme on dit à l'époque) du corps féminin. Pendant une quinzaine d'années, les poètes français rivalisant avec Marot, vont faire rêver sur les beautés du corps de leurs belles amies réduit à l'absolu d'un détail qui devient monde. Car il n'y a blason que d'une partie du corps ou d'un accessoire de sa parure (épingle ou miroir) mais beaucoup plus rarement de l'ensemble (le corps promis à la mort)." Roland Antonioli, Le corps de la femme : du blason à la dissection mentale (CEDIC, Université de Lyon).

Forme

Le blason ne suit pas de règle fixe. A l'époque de Marot, il est généralement bref, en rimes plates, en octosyllabes ou décasyllabes. D'habitude, on s'adresse directement à la partie du corps célébrée en empruntant le modèle rhétorique de l'apostrophe.

Thématique

En fait, 4 tons différents peuvent être empruntés :
- le ton sensuel et voluptueux,
- le ton grossier ou grivois,
- le ton courtois ou pétrarquiste,
- et enfin le ton spirituel, néoplatonicien ou ficinien.
Quand le ton grossier est utilisé et qu'on tombe dans le dénigrement satirique, on parle alors de contre-blasons. Dans tous les autres cas, on parle de blasons.

  1. Différences: 1 & 2 éloges galants; 3 & 4 parodient le 2 d'où burlesque et ironie

Exercice d'application: LL p187:

Corpus:

  • Lamartine, Méditations poétiques de "tes jours, sombres et courts"à "Qui n'a pas entendu cette voix dans son coeur"

  • Nerval, Petits châteaux de Bohème "Homme! Libre penseur – te crois-tu seul pensant"

  • Baudelaire, Les Fleurs du mal , "Correspondances"

  • Laforgue, Oeuvres complètes, "Intarissablement"

Question de corpus:

  1. En matière de forme, qu'est-ce qui différencie le texte A des trois autres poèmes? En quoi peut-on dire que ces trois textes sont construits sur une double thématique?

  2. Qu'est ce qui rapporche les quatre textes, qu'est-ce qui les sépare dans leur étude des relations entre l'homme et la nature?



Correction:

Au brouillon: tableau:

Texte

1

2

3

4

Thème:

Temps, mort, nature (vallée), dieu et les hommes

Esprit humain et esprit de la nature

Nature (forêt) et homme. Parfums, signes

Nature (astronomie) et hommes (civilisation). Temps

Genre:

Poème (extrait) en quatrains (rime croisée

Sonnet

Sonnet

Sonnet

Registre et forme de discours

Lyrisme, conseils philosophiques

Fantastique, philosophique

Exaltation, contemplation, calme

Fantastique, tragique

Figures de styles principales

Adresse au poète (Tu); oppositions durable/éphémère

Exclamations. Impératif et adresse à l' "Homme!". Juxtapositions. Lexique spirituel. Oppositions.

Lexique spirituel. Description par des comparaisons

Exclamations. Amplification (phrase très longue). Anaphores "Dire que...". Lexique de l'astronomie et de la peur. Oppositions

Contexte

XIX Romantisme

XIX Romantisme tardif, symbolisme

XIX Romantisme tardif, symbolisme

XIX Romantisme tardif, symbolisme



Proposition de réponse:

Le poète se présente souvent comme un déchiffreur du monde. Dans les quatre textes étudiés, il tente de déchiffrer la nature et d'en montrer la véritable face. Quelles relations entre l'homme et la nature cherche-t-il à montrer ou renouveler? A partir de formes semblables (1), ces poèmes dressent une opposition entre la nature vue par l'homme et la véritable nature (2). Tous ces poèmes réhabilitent la nature d'après l'idée du Romantisme (3), mais la nature n'est pas la même (4) ni l'esprit qui est derrière (5), enfin les réactions du poète varient entre l'admiration et la peur (6)

Les trois derniers poèmes traitent le sujet avec des sonnets (deux quatrains et deux tercets), excepté le premier poème, celui de Lamartine, qui est un extrait d'un poème plus longs en quatrains à rimes croisées, qui développe plus longuement la douceur de la nature.

Deux forces sont en présence: l'homme et la nature. L'homme est souvent le destinataire du poème: "Tu" chez Lamartine réfère au poète et aux hommes, Nerval commence son poème par "Homme" et pense particulièrement aux "libre-penseurs" qui placent l'homme au centre du monde; Laforgue parle d'une communauté des hommes où il s'inclue puisqu'il utilise le pronom personnel "on" enfin Baudelaire évoque clairement "l'homme"(v.3); chez Baudelaire et Nerval, l'homme apparaît au premier quatrain, puis le poème laisse la place au sujet principal: la nature, avec souvent une idée d'opposition sauf chez Baudelaire: "Mais la nature est là" (Lamartine, v5), "Mais de tous tes conseils l'Univers est absent" (Nerval, v4), "pourtant, malgré l'angoisse universelle/ le temps [continue]" (Laforgue, v6-7)

Les quatre poèmes ont une idée romantique de la nature, où l'homme n'est plus au centre des choses, mais où le mystère, la vie de la nature est au premier plan. Lamartine est purement romantique et décrit le paysage d'une vallée. Les trois autres poètes cherchent des symboles sous la nature; ils en recherchent la vie, malgré le manque d'évidence: les "confuses paroles" (Baudelaire, v.2), "l'être obscur" (Nerval, V.12), le "fond des cieux" (Laforgue, v1).

Les quatre poètes ont différentes images de la nature. Seul Nerval énumère les différents objets de la nature et du quotidien: Lamartine se soucie de sa vallée, tandis que Baudelaire part d'un paysage de forêt ("piliers") pour l'étendre aux domaines des parfums et des sons. Pour Laforgue, la nature est surtout le ciel et le monde de l'astronomie: "cieux, "espace", "atome", "soleil", "urne bleue". Lamartine et Laforgue s'intéressent particulièrement au temps de la nature, éternel, comparé au temps éphémère de l'homme.

La vie qui se trouve derrière la nature est souvent assimilée à Dieu: Laforgue parle d'un Songeur, avec une majuscule de respect, Lamartine est plus explicite; il parle d'un "Dieu" créateur, "auteur" de la création, tandis que Nerval ne parle que d'un "Dieu caché". On note que Baudelaire pense à une harmonie de la nature, mais ne songe pas à lui donner un dieu.

Les poèmes de Lamartine et Baudelaire se distinguent par leur ton contemplatif; Lamartine grâce à la forme longue du poème donne la sensation d'un monde paisible et accueillant et cède au lyrisme; Baudelaire exalte les harmonies de la nature; à l'opposé, Nerval et Laforgue parlent de leur sentiment de la bizarrerie face à la nature selon un registre fantastique: "Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie" dit Nerval, tandis que Laforgue utilise des images de destruction et un registre tragique pour montrer le monde détruit des hommes saisis par l"angoisse universelle" (v.6)

Les quatre poèmes traitent tous des relations de dieu et de l'homme, mais montrent des attitudes différentes de confiance ou de peur.

    1. Stylistique: les genres formels LL p167

      • la ballade:

            • octo ou décasyllabes

            • reprise d'un refrain

            • 3 strophes de 7, 8, 10 vers + une demi-strophe de 4-5 vers appelé "envoi" avec une adresse

      • le rondeau:

            • octo ou décasyllabes

            • reprise d'un refrain

            • deux rimes

            • 14 ou 15 vers

      • Le haïku (polycopie):

            • 3 vers

            • 17 mores (transcrites du japonais en syllabe): 5-7-5

            • règle du kigo: thématique de la nature et en particulier des saisons


Une autre matrice poétique : le haiku japonais

Matsuo Bashô


Furuike ya

kawaza tobimoku

mizu no oto


Dans le vieil étang

Une grenouille saute

Un ploc dans l'eau


Sur une branche morte

Les corbeaux se sont perchés

Soir d'automne


Sur l'éventail

Je mets le vent venant du mont Fuji.

Voilà le souvenir de Tokyo.


Sommeil sur le dos d'un cheval,

La lune au loin dans le rêve qui continue,

Fumée de la torréfaction du thé.


Le printemps passe.

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes.


Le salon d'été

Fait bouger et entrer

La montagne et le jardin.

Le vent d'automne

Plus blanc

Que les pierres de la colline rocheuse.


De tous les côtés

Les vents apportent des pétales de cerisier

Au lac des grèbes.


Même un sanglier

Est sur le point d'être emporté

Dans cette tempête.


Le croissant éclaire

La terre brumeuse.

Fleurs de sarrasin.


Yosa Buson


Brume et pluie.

Fuji caché. Mais maintenant je vais

Content.


Vapeur qui s'élève de la terre.

Vol blanchâtre

D'un insecte au nom inconnu.


Labourage de champ.

Un nuage immobile

a disparu.



Un cerf-volant flotte

Au même endroit

Où il flottait hier.


Soir du printemps.

À l'encens à moitié éteint,

J'en ajoute encore.


Courte nuit d'été.

Une goutte de rosée

Sur le dos d'une chenille velue.


Un moustique bourdonne

Chaque fois qu'une fleur de chèvrefeuille

tombe.


Quatre ou cinq hommes

dansent en rond.

Sur eux la lune va tomber.


La lune brille au milieu du ciel.

Je dépasse

un quartier pauvre.


Il reste éveillé

Et dit qu'il a dormi.

Froide nuit automnale.


Oiseaux sur l'eau de la douve.

Une lanterne sort

    du château.



Conclusion: formes de longueur très différente; jeu sur la longueur, les refrains, les combinaisons de rimes. Différentes possibilités d'expression. Haïku = saisir un instant ou une atmosphère (choix des mots); ballade et rondeau = lyrisme; sonnet = intermédiaire; lyrisme et autres (particularité de la structure autour de la charnière 8/6)




5) Jacques Roubaud, ∈, sonnets 1.1.10 et 1.1.11





l.1 1.1.10









l.5 blanc











l.10 1.1.11 ○ [GO 127]



tu trouveras ton bien dans les plus éloignés des mots trésor protégé

des oies au jabot rouge c'est le minerai qui n'est pas à ciel ouvert

c'est l'union des usages contraires de la parole

l.15

d'autres s'hébergeront dans les planètes davantage ou dans l'

ment minuscule ping-pong du sub-atome (il y a des pâturages de

toutes les saveurs pour des bouches exercées à l'avenir



l.20 mais les mots pour toi sont le sel et le jeu avec quoi l'on déduit les

phrases qui sécheront avec quoi l'on brûle jusqu'aux enfances



la drogue double qui détient double paradis celui comme une

l.24 pierre sous l'écorce et celui comme un dessin sur le sol







Jacques Roubaud ∈, Gallimard, Paris, 1967.

5. Jacques Roubaud, sonnets 1.1.10 et 1.1.11 de E

Synthèses, méthodes:

  1. Synthèse: la structure du sonnet (2ème partie) : le rapport entre les quatrains et les tercets (la charnière) :

la charnière introduit le second membre d’une opposition:

Du Bellay, Regrets, VI "Las! Où est maintenant ce mépris de fortune..."

Jules Laforgue, "Sonnet de Printemps"

Charles Baudelaire, "Le couvercle"


la charnière introduit le second membre d’une comparaison et un glissement de personne:

Charles Baudelaire, "La cloche félée"


la charnière introduit un sceond thème lié au premier

  1. Rimbaud, "Le mal"


  1. Méthodologie: poèmes en prose et formes libres LL p183

  2. le sujet d'invention LM p232-239

  3. Explication de texte

Jacques Roubaud

Né en 1932 (pas encore mort). Véritablement fasciné par les formes fixes des poèmes comme le sonnet (il dit en avoir lu plus de cent-cinquante mille), le renga et la sextine (qu'il baptise d'ailleurs lorsqu'elle est de longueur variable "quenine", en l'honneur de Queneau qui l'avait retravaillée pour l'assouplir), il apprend depuis tout jeune des milliers de vers et des centaines de poèmes par cœur [3]. En 1961, il se consacre exclusivement à la composition de sonnets, entamant dès lors une démarche expérimentale dans tous ses travaux littéraires.

Etudes de maths (et 2airement de littérature): entremêlera toujours les 2.

Prenant rapidement conscience de son « inaptitude à devenir un fils spirituel d’Aragon », il s’arrache vivement à la gravité post-surréaliste et travaille de concert avec Action Poétique et la revue Change. Dès 1966, il rejoint avec Georges Perec le premier cercle de l’Ouvroir de Littérature Potentielle (Oulipo), fondé par Raymond Queneau

Sa poésie combine de façon inédite à la fois lyrisme et formalisme (Quelque chose noir, 1986, La Forme d’une Ville…, 1999, Churchill 40 et autres sonnets de voyage, 2003). Avec La Vieillesse d’Alexandre (1978) ou Poésie, etc. Ménage (1995), Jacques Roubaud livre ses réflexions théoriques sur la poésie d’hier et ses avatars actuels.

==> faire des recherches sur l'OULIPO



Le recueil ∈ (1967)

p14:

1.0 Disposition

Ce paragraphe comporte vingt-neuf sonnets en prose, composant deux sonnets de sonnets suivis d'un pion isolé: ces deux sonnets sont séparés par un pion noir, les quatrains et tercets de chaque sonnet de sonnets par des pions blancs

p35-36

1.3.17 (voir anthologie). Notes: sonnet placé à la fin du 2ème et dernier sonnet de sonnet. C'est donc le dernier "vers" de ce recueil. Présence de la mort ("un mort" = sans doute son frère suicidé). Négation de l'art pour l'art (hypothèse seulement). Mort <=> noir. Même cette remise en question s'inscrit dans le projet du livre



Commentaire: Quelle image de la poésie nous donne le poète?

  1. Un jeu avec la tradition

    1. Un sonnet de sonnet: Situation: il y a 14 "sonnets" entrecoupés de 3 pauses. Soit 17 sonnets en tout. Cela forme donc un sonnet où chaque vers serait un sonnet. + jeu avec le "go". Sonnet 11 correspond donc à la charnière

    2. L'impertinence du propos: moquerie contre les littérateurs "oies au jabot rouge" (métaphore plaisante). Utilisation du signe "infini"+ ment. Comparaison surprenante "ping-pong du subatome" (là aussi un jeu)

    3. Vers une forme libre: plus de réel respect des codes du sonnet. Pas de rimes, espaces longs entre les mots. Correspond aux possibilités infinies des mots: opposition infiniment petit/infiniment grand v16-17



  1. L'amour des mots

    1. La double face des mots: "sel" et "jeu". Vocabulaire de l'opposition

    2. Un art poétique: le poète donne des conseils à "tu" (= soi-même?)

    3. Une chute sérieuse: Poème semblable au sonnet des "Correspondances" de Baudelaire, mais il a remplacé ici le signe, le symbole par le mot pur et simple. Allusion aux rapports du poète et de la drogue v23-24 // Baudelaire, Les Paradis artificiels.



Le sonnet de sonnet:

Un jeu

sérieux (drogue, image de Baudelaire)



Ecart par rapport à la norme

  • celle du sonnet (rimes)

  • celle du mot ordinaire: oies à jabot rouge = coqs = littérateurs. Minerai à ciel ouvert >< filon, mine intérieure

==> primat du mot sur la phrase, du mot sur l'ensemble, sur la compréhension.








6) Baudelaire, « L'Homme et la Mer », Les Fleurs du mal, 1857















Homme libre, toujours tu chériras la mer!


La mer est ton miroir; tu contemples ton âme


Dans le déroulement infini de sa lame,


Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.



5

Tu te plais à plonger au sein de ton image;


Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur


Se distrait quelquefois de sa propre rumeur


Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.




Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:

10

Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;


O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,


Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!




Et cependant voilà des siècles innombrables


Que vous vous combattez sans pitié ni remords,

15

Tellement vous aimez le carnage et la mort,


O lutteurs éternels, ô frères implacables!


NOM:


Texte 1. Victor Hugo, « Oceano Nox », Les Rayons et les Ombres,1840

Il s'agit des trois premières strophes de ce poème qui en compte huit





Oh! combien de marins, combien de capitaines

Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,

Dans ce morne horizon se sont évanouis!

Combien ont disparu, dure et triste fortune!

Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,

5

Sous l’aveugle océan à jamais enfouis!



Combien de patrons morts avec leurs équipages!

L’ouragan de leur vie a pris toutes les pages,

Et d’un souffle il a tout dispersé sur les flots!

Nul ne saura leur fin dans l’abîme plongée.

10

Chaque vague en passant d’un butin s’est chargée;

L’une a saisi l’esquif, l’autre les matelots!



Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues!

Vous roulez à travers les sombres étendues,

Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.

15

Oh! que de vieux parents, qui n’avaient plus qu’un rêve

Sont morts en attendant tous les jours sur la grève

Ceux qui ne sont pas revenus!





Texte 2. Baudelaire, « L'Homme et la Mer », Les Fleurs du mal, 1857










Homme libre, toujours tu chériras la mer!


La mer est ton miroir; tu contemples ton âme


Dans le déroulement infini de sa lame,


Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.



5

Tu te plais à plonger au sein de ton image;


Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur


Se distrait quelquefois de sa propre rumeur


Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.




Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:

10

Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;


O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,


Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!




Et cependant voilà des siècles innombrables


Que vous vous combattez sans pitié ni remords,

15

Tellement vous aimez le carnage et la mort,


O lutteurs éternels, ô frères implacables!




Texte 3. Mallarmé, « Brise marine », Poésies, 1864







La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.


Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres


D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!


Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux

5

Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe


O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe


Sur le vide papier que la blancheur défend


Et ni la jeune femme allaitant son enfant.


Je partirai! Steamer balançant ta mâture,

10

Lève l'ancre pour une exotique nature!




Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,


Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!


Et, peut-être, les mâts, invitant les orages


Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages

15

Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...


Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!




Question de corpus /14


  1. Etudiez la versification des poèmes: type de poème, type de strophe, longueurs des vers, mots mis à la rime. Comment ces versifications différentes mettent-elles en valeur le thème commun?

  2. Quels points communs et quelles différences voyez-vous dans l'évocation de la mer par ces trois poètes?



Commentaire /6


Vous répondrez de manière argumentée et développée la question suivante: Dans le poème de Baudelaire, comment est mise en valeur le parallèle entre l'homme et la mer?












Note: pour indication, prévoir 1h15 pour la question de corpus (un recto à un recto-verso) et 0h40 pour la seconde (un recto). Textes à remettre avec la copie.

Propositions de réponses à l'évaluation n°1


Question de Corpus: 1) Etudiez la versification des poèmes: type de poème, type de strophe, longueurs des vers, mots mis à la rime. Comment ces versifications différentes mettent-elles en valeur le thème commun? 2) Quels points communs et quelles différences voyez-vous dans l'évocation de la mer par ces trois poètes?


§1: 3 poèmes en alexandrins (vers classique, long, permettant de développer les phrases). Strophes égales chez Hugo (6, 6, 6) correspondant à la régularité des désastres des mers. Mêmùe chose chez Baudelaire. Déséquilibre des strophes (10/6) chez Mallarmé, qui correspond à un sursaut dans la pensée du poète sur la mer. Rimes suivies chez Mallarmé et consacrées à la mer seulement à la fin du poème. Chez Hugo, 2 rimes suivies évoquant les marins sont suivies de 4 rimes croisées évoquant les désastres de la mer. Chez Baudelaire, peu de mots à la rime sur la mer, car il préfère développer les rapports à l'homme.

§2: Points communs: Evocation du danger/évocation de la liberté (les 2 chez Baudelaire). Idée de perte et de naufrage.

§3: Points communs: Opposition homme / mer romantique chez Hugo & Baudelaire (pas chez Mallarmé)

§4: Différences: trois degrés d'intimité à la mer: Hugo parle des marins, Baudelaire fait une comparaison avec l'homme en général. Mallarmé parle de lui-même (lyrisme) et du métier de poète devant sa « feuille blanche »


Commentaire: Vous répondrez de manière argumentée et développée la question suivante: Dans « L'Homme et la mer » de Baudelaire, comment est mise en valeur le parallèle entre l'homme et la mer?


I UNE STRUCTURE EN MIROIR

1) Un poème qui s'adresse à la fois à l'homme et à la mer

2) Symétries et divisions

-Le titre porte plusieurs sens : l’Homme et/est/hait la mer. La mer et l’homme sont à la fois reliés et séparés par ‘et’.

-Tout le poème s’organise autour de cette symétrie: 2x2 quatrains (règne du double) qui ressemble à un sonnet mais en refuse la dissymétrie; et les jeux de reflets sont perceptible dans les rimes :

âme + mer = amer (mer saumâtre ou amertume humaine)

-La symétrie dans les vers : La mer est / ton miroir (mer) //; tu contemp / les ton âme (homme)

-Rîmes embrassées. Tantôt l’homme embrasse la mer, tantôt la mer embrasse l’homme.(Cf. rîmes féminines masculines (avec ou sans –e muet)).

3)Un parallèle qui mène à la confusion

-La mer est masculine et féminine. On plonge en son sein comme une femme mais on la combat comme un homme.

-L’homme et la mer partagent des sentiments humains. Ils se rapprochent pour l’amour ou pour la lutte (lame = vague ou couteau). La mer est présentée avec les attributs de l'homme (personnification) tandis que homme est présenté avec les signes de la mer, donc présenté comme un monstre. Ex: « Rumeur, abîmes » = homme / « plainte, richesses intimes » = mer sont inversés.

Ainsi les doubles se confondent. C'est le reflet des aspirations contradictoires de l’homme et de sa lutte entre le spleen et l’idéal.

III L'opposition: des frères jumeaux aux frères ennemis

1)Les jumeaux

-Champ lexical de l’amour très présent dans les 2 premières strophes.

-Les ressemblances : l’homme comme la mer est libre, indomptable, sauvage ; ils partagent les mêmes abîmes, les mêmes secrets, les mêmes richesses intimes, la même jalousie. Enfin ils ont le même goût pour le carnage et la mort.

2)Frères ennemis

  • Opposition du premier vers et de la dernière strophe

  • Champ lexical du combat et de la souffrance très présent dans les 2 dernières strophes.

-Le chiasme du dernier vers (Lutteurs éternels, frères implacables) alors qu’on attend frères éternels, lutteurs implacables. Cela souligne une nouvelle fois une lutte intérieure.

-La lutte éternelle est un fratricide qui oppose l’homme à lui même dans un présent éternel qui évoque la vérité de l’humanité.

-Le temps et l’espace sont infinis (siècles innombrables, éternels, abîmes) et renvoient donc à un espace intérieur abstrait.

Documents annexes:

  1. 5 textes en lecture analytique

  2. Les principaux courants littéraires

  3. Les registres (feuille photocopiée)

  4. Anthologie de sonnets (imprimé en page paysage)

  5. Haikus


Les principaux courants littéraires.

1. L’humanisme
A partir de la seconde moitié du XVe siècle, le retour de la paix favorise un important mouvement culturel : l'humanisme. L'humaniste place l'homme et l'étude du monde au centre de ses préoccupations. La multiplication des universités, l'essor de l'imprimerie permettent alors de promouvoir ce nouvel idéal. Pour les auteurs et les artistes du XVIe siècle, rien dans le monde n’est désormais plus admirable que l'homme comme modèle de perfection physique, intellectuelle et morale.

Le roman
Gargantua, Pantagruel de François Rabelais
L'Heptaméron de Marguerite de Navarre
La poésie
Défense et illustration de la langue française, Regrets de Joachim du Bellay
Les Amours de Pierre de Ronsard
Les réflexions et les essais
Essais de Montaigne
La peinture Léonard de Vinci


2. Le baroque
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, le conflit entre catholiques et protestants, la faiblesse du pouvoir royal, la découverte d'un univers dont l'homme n’est plus le centre favorisent une nouvelle sensibilité : le baroque. Face aux difficultés et incertitudes du temps, les auteurs et les artistes semblent trouver un nouveau sens dans la fantaisie et l'exubérance des formes. Le mot « baroque » vient en effet du portugais « barroco » qui désigne une pierre irrégulière. Aussi le baroque se traduit-il par l'absence de mesure, la multiplication des effets, la liberté et la virtuosité de l'invention.

Le roman
L'Astrée d'Honoré d'Urfé
Le théâtre
L'Illusion comique de Pierre Corneille
La poésie
Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné
Oeuvres poétiques de Théophile de Viau


3. La préciosité
La préciosité est une mode née en 1654, qui régna quelques années dans les Salons parisiens ; ceux de Mlle de Scudéry, de Mlle de Sablé sont les plus célèbres. La préciosité est essentiellement constituée par des revendications féministes et modernistes et son extension dans la littérature française est liée à cette influence des Salons et des femmes.
Il existe quatre formes de la Préciosité:
1. la Préciosité morale : droit pour la femme de disposer librement d'elle-même.
2. la Préciosité des manières : distinction inimitable, haine du pédant et du provincial.
3. La Préciosité du langage : correction et pureté, pensée d'un tour original, métaphores, périphrases...
4. La Préciosité du goût ; mépris des Anciens, des bourgeois et des pédants, goût des questions psychologiques et morales.


4. Le classicisme
Le classicisme désigne l'art et la littérature de la France à partir des années 1660, alors que Louis XIV est le monarque absolu du royaume. S'adressant d'abord à l'intelligence, figurant l'ordre, la raison et l'équilibre, le classicisme illustre parfaitement l'autorité du roi qui en fait la base d'un art officiel. En fait, sont classiques les œuvres jugées dignes d'être enseignées en classe. Le respect des règles héritées des Grecs et des Romains, l'économie des moyens, le caractère mesuré opposent les œuvres classiques aux œuvres baroques basées sur l'abondance et l'émotion.

Le roman : La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette
Le théâtre : Horace, Cinna, Polyeucte… de Pierre Corneille
Andromaque, Britannicus, Phèdre…de jean Racine
Dom Juan, Tartuffe, Le Malade imaginaire de Molière
La poésie : Fables de La Fontaine
La philosophie : Discours de la méthode de René Descartes
Pensées de Blaise Pascal


5. Le rationalisme des Lumières
Au XVIIIe siècle, le rationalisme est un état d'esprit. Inspiré de la méthode scientifique, il cherche à découvrir la vérité derrière les préjugés. Les écrivains philosophes militent ainsi pour le triomphe de la raison, pour le triomphe des Lumières, contre l'autorité religieuse et politique, contre tous ceux qui cherchent à limiter les connaissances de l'homme et à empêcher l'exercice de l'esprit critique.

La philosophie
Lettres philosophiques de Voltaire
Le Contrat social de Jean Jacques Rousseau
L'esprit des lois de Montesquieu
Pensées philosophiques de Diderot
L'encyclopédie
Le roman
Lettres Persanes de Montesquieu
Candide de Voltaire
La Religieuse de Diderot


6. Le romantisme
Le romantisme est un large mouvement artistique européen de la première moitié du XIXe siècle. Alors que l'humanisme envisageait l'homme idéal, que le rationalisme poursuivait la connaissance objective du monde, le romantisme ouvre à la subjectivité, au lyrisme, à l'imagination et à l'exaltation des passions.

Le roman
René de Chateaubriand
La confession d'un enfant du siècle d'Alfred de Musset
Le théâtre
Hernani de Victor Hugo
Lorenzaccio d'Alfred de Musset
Ruy Blas de Victor Hugo
La peinture
Le radeau de la Méduse de Géricault de Delacroix
La poésie
Les Contemplations de Hugo
Méditations poétiques de Lamartine
La musique Chopin


7. Le Parnasse
Théophile Gautier, l'un des plus fervents défenseurs du romantisme devient le chef de file d'un nouvel esprit poétique : le Parnasse. Ce dernier refuse les épanchements sentimentaux et n'a que le souci exclusif de la forme. Les tenants de l'Art pour l'art préconisent une poésie d'où le poète est absent. Ils se détournent des luttes politiques de leur époque, et se tournent vers la Grèce et la Rome antiques, l'Orient, l'Espagne des Conquistadores... Le Parnasse vient du nom d'un mont de la Grèce qui, dans la mythologie grecque, était la montagne des Muses et d'Apollon, dieu de la beauté et de la poésie ...

La poésie
Emaux et Camées de Théophile Gautier





8. Le réalisme et le naturalisme
Essentiellement littéraire et pictural, le réalisme se développe dans la seconde moitié du XIXe siècle. L'ère industrielle et les valeurs, les comportements qu'imposent la bourgeoisie, les injustices, les malheurs qui pèsent sur les pauvres inspirent désormais l'artiste. A la suite de Balzac, les écrivains, les peintres représentent des personnages amenés dans la réalité de leur temps. Rien n'échappe à l’œil de l'artiste qui, en représentant tout le réel, expose les scènes de la vie quotidienne, les ridicules et les travers de la société bourgeoise.

Le roman
Madame Bovary, L'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert.
L'Assommoir d'Émile Zola.
Bel Ami de Guy de Maupassant
La poésie
Les Châtiments de Victor Hugo
Le théâtre
La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils
La peinture Courbet


9. Le symbolisme
En réaction contre le réalisme et le naturalisme, dès 1870, écrivains et artistes cherchent à retrouver le mystère et la rêverie, à découvrir des correspondances secrètes entre la nature et l'homme. Il s'agit de créer un art pur, exigeant, où le symbole permet le passage du monde matériel au monde des idées. Avec le symbolisme, le rêve, la suggestion, le fantastique l'emporte.

Le roman
Contes cruels de Villiers de l'Isle Adam
Le théâtre
Pélléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck. Ubu Roi d'Alfred Jarry
La poésie
Une Saison en enfer, les Illuminations d'Arthur Rimbaud


10. Le surréalisme
Le surréalisme qui naît dans les années 1920 affirme la puissance du rêve, de l'instinct et du désir. Il se réclame de la psychanalyse et voit dans Baudelaire, Rimbaud et même Apollinaire des précurseurs. Le mouvement surréaliste se dresse contre l'ordre logique ou moral. Il appelle les artistes à se libérer des exigences de la raison, à ouvrir le quotidien à la fulgurance poétique du rêve, des images qui découvrent une réalité plus intense, plus riche. S'exprimant aussi à travers ses prises de position politique, l'influence du mouvement surréaliste est immense.

Le roman
Le Paysan de Paris de Louis Aragon.
Nadja d'André Breton
Au château d'Argol de Julien Gracq
La poésie
Capitale de la douleur de Paul Eluard
Les Yeux d'Elsa d'Aragon
Corps et Biens de Robert Desnos
La peinture Magritte, Dali...


11. L’existentialisme
L'existentialisme est d'abord un mouvement philosophique qui, à partir de Jean-Paul Sartre, dès 1938, prend pour point de départ l'existence de l'individu : l'homme est seul et doit forger ses valeurs dans l'expérience vécue. Il est confronté au sentiment de l'absurde, qu'il éprouve en prenant conscience de sa solitude, de la mort, particulièrement au moment de la montée du nazisme et de la Seconde Guerre mondiale. Mais l'existentialisme, dans un sens plus large, est inséparable de la vie intellectuelle des année qui suivent la fin de la guerre : on rejette l'hypocrisie sociale et les valeurs bourgeoises à travers la vie nocturne de Saint-germain des Près.

Le roman
La Nausée, Le Mur, de Jean Paul Sartre.
L'Etranger, La Peste d'Albert Camus
La poésie
Textes et chansons de Boris Vian
Le théâtre
Huis Clos, Les Mains sales de Jean Paul Sartre
Caligula d'Albert Camus
La Cantatrice chauve d'Eugène Ionesco



Les figures de style





Définition : Une figure de style est un procédé qui consiste à rendre ce que l’on veut dire plus expressif, plus impressionnant, plus convaincant, plus séduisant… Autrement dit, une figure de style permet de créer un effet sur le destinataire d’un texte (écrit ou parlé).


Les figures par analogie, qui permettent de créer des images :

Comparaison

Elle établit un rapport de ressemblance entre deux éléments (le comparé et le comparant), à l’aide d’un outil de comparaison (comme, ainsi que, plus… que, moins… que, de même que, semblable à, pareil à, ressembler, on dirait que…)

Ex : Le soleil est semblable à de l’or.

Ton teint est pareil à l’éclat de la rose.

La terre est bleue comme une orange. (Eluard)

Métaphore

C’est une comparaison sans outil de comparaison. Les termes y sont pris au sens figuré.

Ex : Ton teint de rose

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe. (Hugo)

L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature,

mais c’est un roseau pensant. (Pascal)

Personnifi-cation

Elle représente une chose ou une idée sous les traits d’une personne.

Ex : La forêt gémit sous le vent.

ces rois de l’azur, maladroits et honteux (Baudelaire)

L’Habitude venait me prendre dans ses bras et me portait

jusque dans mon lit comme un petit enfant. (Proust)

Allégorie

Elle représente de façon concrète et imagée les divers aspects d’une idée abstraite. Elle se repère souvent grâce à l’emploi de la majuscule.

Ex : La Mort est souvent représentée par une faucheuse.

Mon beau navire ô ma mémoire

Avons-nous assez navigué

Dans une onde mauvaise à boire

Avons-nous assez navigué

De la belle aube au triste soir. (Apollinaire)

N.B. : Quand une comparaison ou une métaphore est tellement utilisée qu’elle devient usée et banale, elle se transforme :

  • en expression lexicalisée : Ex : prendre ses jambes à son cou ; verser des torrents de larmes ; être doux comme un mouton…

  • en cliché : Ex : des cheveux d’or ; un cœur de pierre…



Les figures de substitution, qui remplacent un terme par un autre terme ou par toute une expression :

Métonymie

Elle remplace un mot par un autre mot selon un lien logique.

Ex : Je viens de lire un Balzac. / Boire un verre.

Il est premier violon à l’orchestre de Lille.

Le Vatican est en désaccord avec la Maison blanche.

La France a remporté la Coupe du monde de football.

Synecdoque

Elle consiste à désigner la partie pour le tout (et vice-versa), ainsi que la matière pour l’objet et le particulier pour le général..

Ex : Les voiles disparurent à l’horizon.

Ils croisèrent le fer. / Revêtir un vison.

Le Français est cartésien.

Périphrase

Elle remplace un mot par une expression qui le définit.

Ex : La capitale de la France. / L’astre de la nuit.

Le roi des animaux. / L’empereur à la barbe fleurie



Les figures de l’insistance ou de l’atténuation :

Hyperbole

Elle consiste à exagérer.

Ex : Je meurs de faim.

Un vent à décorner les bœufs.

Ouais, c’est vraiment trop génial !

Gradation

C’est une énumération de termes organisée de façon croissante ou décroissante.

Ex : Va, cours, vole et nous venge ! (Corneille)

Je me meurs, je suis mort, je suis enterré. (Molière)

C’est un roc !… c’est un pic !… c’est un cap !

Que dis-je, c’est un cap ?…c’est une péninsule ! (Rostand)

Euphémisme

Elle consiste à atténuer l’expression d’une idée, d’un sentiment (pour ne pas déplaire ou choquer).

Ex : Elle a vécu. / Ton papa est parti faire un long voyage. / Tu sais, pépé, il est monté au ciel.

Les non voyants. / Une très longue maladie.

Je lui ai chatouillé les côtes.

Litote

Elle consiste à dire moins pour faire entendre plus.

Ex : Va, je ne te hais point. (Corneille)

On ne mourra pas de faim aujourd’hui.

Il ne me paraissait pas douteux que M. Alphonse n’eût été victime d’un assassinat. (Mérimée)

Anaphore

Répétition de(s) même(s) terme(s) en début de plusieurs phrases, de plusieurs vers, de plusieurs propositions.

Ex : Rome, l’unique objet de mon ressentiment !

Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !

Rome, qui t’a vu naître et que ton cœur adore !

Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore ! (Corneille)

C’est bien, c’est beau, c’est Bosch !

Parallélisme

Répétition de la même construction de phrase (autrement dit de la même structure syntaxique).

Ex : Innocents dans un bagne, anges dans un enfer (Hugo)

Femme nue, femme noire, / Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté. (Senghor)


Accumu-lation

Enumération plus ou moins longue de termes.

Ex : Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. (Voltaire)

Question oratoire /rhétorique

Affirmation déguisée sous la forme d’une question.

Ex : Ne suis-je pas adorable ?

Comment mon client a-t-il pu tuer sa femme, alors qu’au moment du crime, il était à mille kilomètres ?


Les figures d’opposition :

Antithèse

Opposition très forte entre deux termes.

Ex : Qui aime bien châtie bien.

Ici c’était le paradis, ailleurs l’enfer. (Voltaire)

Je sentis tout mon corps et transir et brûler. (Racine)

Oxymore

Deux termes, unis grammaticalement, s’opposent par leur sens.

Ex : Un silence éloquent / La Bête humaine d’Emile Zola

Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (Corneille)

Antiphrase

Elle exprime une idée par son contraire dans une intention ironique.

Ex : C’est du propre !

Je suis dans de beaux draps !

Chiasme

Deux expressions se suivent, mais la deuxième adopte l’ordre inverse (A – B / B’ – A’)

Ex : Il y a de l’Urgo dans l’air, il y a de l’air dans Urgo.

Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger.

Le cœur a ses raisons que la raison ignore.

Paradoxe

Il énonce une opinion contraire à l’idée commune, afin de surprendre, de choquer, d’inviter à la réflexion.

Ex : Les premiers seront les derniers. / In vino veritas.

De nombreux enfants au Q.I. très élevé sont en échec scolaire.


Les figures de rupture :

Anacoluthe

Rupture de construction syntaxique.

Ex : Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, la face de la terre en eût été changée. (Pascal)

Mais moi, la barre du bourreau s’était, au premier coup, brisée comme un verre. (A. Bertrand)

Ellipse

Absence d’un ou de plusieurs mots.

Ex : L’Oréal, parce que je le vaux bien.

Jumbo. La Tunisie, mon papa et plouf !

Zeugma

Rapprochement d’un mot concret et d’un mot abstrait dans un même énoncé.

Ex : Il prit du ventre et de l’importance.


Les figures qui jouent sur les sons :

Assonance

Répétition d’un même son de voyelle.


Ex: Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire. (Racine)

Allitération

Répétition du même son de consonne

Ex : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? (Racine)

Paronomase

Rapprochement de deux homonymes (qui se prononcent pareil) ou de deux paronymes (qui se prononcent presque pareil)

Ex. : Il n’y a que Maille qui m’aille !

Qui se ressemble s’assemble.

Mangeons bien, mangeons bio !




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